Archives Mensuelles: juillet 2010

Avis d’un vétérinaire:Entretien avec Marabeye Christophe, vétérinaire et Coordinateur d’Elevage à Guereda

Coordonnateur d'Elevage à la délégation SECADEV à Guereda

Quelle est la situation épidémiologique à l’Est du Tchad ?
La situation est calme mais comme la vaccination consiste à prévenir les épidémies, nous organisons chaque année la vaccination en vue de protéger le cheptel étant donné que l’Élevage est la deuxième mamelle de l’économie tchadienne, surtout rurale.

Il est difficile de décrire avec exactitude la situation épidémiologique à l’Est du Tchad dans la mesure où le réseau épidémiologique a passé la main au projet PASEP (NDLR : Projet d’appui au secteur d’élevage). Par le passé, c’est ce réseau qui faisait des prélèvements qu’il analysait en laboratoire afin de détecter les cas d’épidémie. Le nouveau service ne s’est pas encore déployé sur l’ensemble du territoire.
Avec l’arrivée des troupeaux venant du soudan, il nous a été rapporté des cas de lepto-cirrhose maladie due à l’ensoleillement. L’on se demande si elle n’est pas introduite par le troupeau soudanais puisque la maladie n’était pas connue des éleveurs tchadiens. Elle peut décimer deux à trois têtes d’animaux en cas de non intervention des services vétérinaires.
Je voudrais aussi signaler que l’arrivée des troupeaux appartenant aux réfugiés soudanais a provoqué le surpâturage. Il y a eu plus d’animaux pour peu de pâturage et cela a provoqué la sous alimentation des animaux. En conséquence, nous avons constaté plusieurs cas d’anémie due à la sous alimentation des animaux.

Quelles sont les maladies contre lesquelles la vaccination est organisée ?
Nous vaccinons les animaux contre le charbon bactéridien, le charbon symptomatique et la pasteleurose. La quatrième maladie hautement ravageuse est la peste bovine qui a été heureusement éradiquée du Tchad.
Des trois maladies non éradiquées, le charbon bactéridien est le plus redoutable. Il peut en un temps très court ravager tout un troupeau. L’animal atteint de charbon bactéridien ne présente pas de symptomes et dès qu’un cas se produit, il est difficile de contrôler sa propagation. La maladie se manifeste par une diarrhée abondante striée de sang, un écoulement nasal sanguinolent. L’autopsie d’un animal atteint de cette maladie présente une augmentation du volume de la rate qui devient boueuse.

Le charbon symptomatique se distingue de la première par l’apparition des symptômes. L’animal a une tumeur crépitant dans les muscles, présente une forte fièvre et, s’il en meurt le cadavre entre en rapidement putréfaction. Au vu de ces symptômes, on peut traiter les animaux aux antis-biotiques et sauver des têtes.
Comme le charbon bactéridien, la pasteleurose se manifeste par une diarrhée abondante mais sans traces de sang. Un animal malade de pasteleurose a une respiration difficile. Il a une sécrétion nasale jaune et présente des muscles qui ont l’aspect d’une chair cuite.
Toutes ces trois maladies sont qualifiées de maladie tellurique…

C’est quoi une maladie télurique ?
C’est une maladie dont le germe, la bactérie s’introduit dans l’organisme de l’animal par le lien du sol. Ce n’est pas un hasard que nous organisons la vaccination en début de saison des pluies. C’est la période où apparaît le vert pâturage. En même temps que ces jeunes pousses d’herbe qu’ils broutent, les animaux peuvent ingérer les bactéries responsables des épidémies. Le champ maudit c’est l’endroit, l’eau de surface où sont hybernées les bactéries libérées par le cadavre d’un animal mort des maladies télluriques.
Et le vaccin ?.

La vaccination c’est le fait de mettre en place des mécanismes de défense dans l’organisme de l’animal. Ce qui provoque cette immunité c’est le vaccin. Un vaccin ce n’est rien d’autre qu’un germe pathologique dont la capacité de nuisance a été affaiblie par un travail de laboratoire. Une fois inoculé dans l’organisme, le système humanitaires de l’animal est alerté et élabore les antis corps appropriés pour empêcher le déclenchement de la maladie. Ainsi lorsque le germe naturel est ingéré par l’animal, les antis corps mis en place protègent l’animal.
Quelles sont les étapes de la vaccination ?
Au début de l’année nous recensons les animaux pouvant être vaccinés. Ce dénombrement d’animaux nous permet d’avoir une idée du cheptel à vacciner et de lancer la commande de vaccin et du matériel de vaccination. Puis nous signons un protocole d’accord avec les services techniques de l’Etat pour l’appui technique lors la vaccination.
Avant le lancement de la vaccination nous sensibilisons les éleveurs sur le déroulement pratique de l’opération, son bien fondé. Nous les informons par exemple que les femelles gestantes ne doivent pas être vaccinées de peur de provoquer des avortements.

Le jour de la vaccination, nous nous présentons dans le village. La vaccination se fait dans un parc délimité par du bois ou des barre de fer ou encore par un mur pour contentionner les animaux. C’est dans ce couloir qu’on fait passer les animaux alors que les agents vaccinateurs guettent pour leur vacciner. Au passage des bovins, trois vaccinateurs se tiennent au bout du parc injectent chacun d’une dose de vaccin. Chaque bœuf au passage reçoit les trois piqûres qui correspondent aux trois doses. Le même processus est appliqué à savoir deux doses pour les équins, asins et une seule pour les petits ruminants.

Après la vaccination, nous faisons le suivi pour évaluer l’état de santé des animaux. Nous recensons les cas d’avortements pour savoir si les éleveurs ont bien compris les consignes que nous leur donnons avant la vaccination.
En fin de compte combien coûte la vaccination ?
La vaccination coûte très cher. Une dose de vaccin coûte 100f. Cela veut dire que s’il faut vacciner 20 000 têtes, il faut débourser deux millions de francs. Il faut ajouter à cela l’acquisition du matériel de vaccination, la prise en charge des agents vaccinateurs, le transport des agents parce qu’il faut se déplacer d’un village à un autre.

Je voudrais terminer en disant que la vaccination est une opération délicate. Elle permet de protéger le cheptel contre des épidémies ravageuses. En marge de la vaccintion nos faison le éparasitage systématique des animaux mais il est difficile de garantir le financement de cette activités. Par exemple cette année, grâce au fonds additionnel de Caritas Espagne, nous avons déparasité 50% du cheptel vacciné.
Entretien réalisé par Antoine Adoum Goulgué,

Urgence à l’Est du Tchad: SECADEV vaccine les troupeaux dans les camps des réfugiés soudanais et les villages alentour

Un agent vaccinateur lors de la vaccination 2009 à Guereda

« La nouveauté intervenue dans la vaccination 2010 est que l’l’UNHCR, ses partenaires et les services techniques de l’Etat ont décidé de faire participer les propriétaires de troupeaux au coût de la vaccination », indique Christophe marabeye, coordonnateur des activités d’Elevage à la délégation du SECADEV à Guereda.

Après trois jours de vaccination dans les camps de Milé et de Kounoungou, 453 animaux ont été vaccinés. Comparé au chiffre de 2009, le nombre d’animaux vaccinés dans ces deux camps est en baissé. Cette tendance se vérifie aussi dans les villages et Marabaye de dire que cela est dû à la contribution exigée des éleveurs. « C’est une première et nous espèrons que les éleveurs comprendront qu’ils ont intérêt à vacciner leurs animaux quel que soit le prix à payer », souligne-t-il. L’UNHCR et ses partenaires ont initié la contribution des éleveurs pour être en phase avec l’approche adoptée par l’Etat qui demande de l’éleveur une contribution de 100f par tête de bête vaccinée. La nouvelle approche vise aussi à inciter les réfugiés à leur auto prise en charge puisqu’ils doivent tôt ou tard le faire.

Les populations présentes à l’Est du Tchad, réfugiées et autochtones sont composées d’agropasteurs. Beaucoup de réfugiés soudanais ont emporté dans leur fuite au Tchad leurs troupeaux.Les petits ruminants, les chevaux les ânes vivent dans les camps tandis que le gros betail, les boeufs et les chameaux sont campés hors des camps faute d’espace. Autochtones et réfugiés partagent ainsi depuis sept ans les mêmes ressources, l’eau et le paturage. Pour créer les conditions du maintien de ce partage,SECADEV et l’UNHCR veillent à la santé de tous les troupeaux présents dans l’espace humanitaire en vaccinant aussi bien les animaux des réfugiés que ceux des tchadiens dans un rayon de 15 kiomètres à la ronde.
SECADEV va plus loin en vaccinant les troupeaux des éleveurs tchadiens allant jusqu’à 25 kiolmètres autour des camps.«L’an passé nous avons vacciné presque exclusivement les animaux des réfugiés parce que nous n’avions pas trouvé de financement additionnel pour vacciner les troupeaux autochtones. Cette année, le secteur Elevage a reçu ces ressources additionnelles. Ce qui a permis d’agrandir le rayon de la vaccination de 20 à 25 km au lieu de 15 km comme demande l’UNHCR», explique Marabeye.

Les maladies contre lesquelles la vacination est organisée sont le charbon bactéridien, le charbon symptomatique et la pastérolose. Ces maladies peuvent ravager tout un troupeau en peu de temps et peut ruiner les espoirs des ruraux déjà confrontés à la crise alimentaire et le manque de paturage.
La collaboration avec les agents de l’Etat lors de cette opération est effective par la participation d’agents vaccinateurs professionnels et une supervision des délégués du ministère de l’Elevage.

La vaccination est la principale activité du secteur Elevage inscrit au programme d’urgences Emergency Appeal (EA).
L’Elevage comme l’Agriculture et les Activités génératrices de revenus sont les secteurs pouvant favoriser l’auto prise en charge des réfugiés. Le programme EA est financé par les partenaires du réseau Caritas, particlièrement Caritas Espagne.Il a pour bénéficiaires prioritaires les réfugiés des trois camps(Farchana, Kounoungou et Milé) ainsi que les populations hôtes.

Antoine Adoum Goulgué, Le Blog du SECADEV

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